Publié le 03/07/2008
Hôpitaux de proximité de la région et CHU de Poitiers s’organisent pour améliorer la prise en charge des patients tout en mutualisant les moyens et les compétences.
Le manque criant de médecins spécialisés en France impose aux hôpitaux publics de coordonner leurs efforts pour mieux accueillir les patients. Le Schéma régional d’organisation sanitaire (Sros) a donné naissance au concept de coopération pour certaines activités entre établissements hospitaliers de proximité et ceux qualifiés de «recours», qui sont situés dans les quatre chefs-lieux de département (Poitiers, Niort, Angoulême, La Rochelle) ainsi qu’à Saintes pour le sud de la Charente-Maritime.
Grâce à cette nouvelle structuration des soins, un patient nécessitant une chimiothérapie pour le traitement d’un cancer suivra le même protocole sur tout le territoire. Autrement dit, le malade hospitalisé en campagne suivra la même cure qu’au CHU de Poitiers. Une affirmation qui a pour avantage de casser quelques a priori.
Plus précisément, certains établissements de proximité ont déjà choisi de contractualiser un partenariat avec leur hôpital référent sous la forme de fédérations médicales interhospitalières. C’est le cas du Centre hospitalier de Montmorillon qui accueille du personnel poitevin plusieurs fois par mois, comme l’explique Jean Martin, son directeur : «Depuis janvier, un spécialiste de la chirurgie viscérale du CHU de Poitiers vient une fois par semaine et, tous les quinze jours, le Pr Carretier réalise des consultations avancées en chirurgie carcinologique (relatif au cancer). Ils renforcent notre chirurgien. Par ailleurs, nous avons créé une permanence en biologie. Les résultats des analyses effectuées par notre laboratoire sont alors transférés par un réseau informatique sécurisé au CHU pour y être interprétés.»
«Nous organisons des filières de prise en charge des patients, précise de son côté Thierry Lefebvre, directeur général adjoint du CHU de Poitiers. L'intérêt est de permettre aux patients de bénéficier de la même qualité des soins dans les hôpitaux publics du territoire.» De plus, les médecins restent attachés au CHU de Poitiers, ce qui facilite le recrutement.
Pénurie de radiologues
La nouvelle politique de santé publique repose sur un constat clair : les hôpitaux ne sont pas en mesure de réaliser toutes les interventions. Autrement dit, il faut savoir passer la main. Au-delà des moyens financiers, un service qui ne réaliserait pas un nombre minimum d’opérations chaque année est aujourd’hui considéré comme n’atteignant pas un niveau de sécurité suffisant. Des seuils ont été fixés dans chaque discipline. Ainsi, parmi leurs nouvelles attributions, les hôpitaux de proximité doivent notamment pouvoir accueillir des patients en long séjour nécessitant par exemple une rééducation.
Chacun conserve également un service d’urgences, ce qui les met face à une pénurie de radiologues. Autre motif qui incite à coopérer. Le Centre hospitalier de Confolens, comme celui de Montmorillon, vient justement de signer une convention avec le CHU afin de développer la «télé expertise». Tout reste à faire, à commencer par l’achat du matériel de numérisation des radiographies, financé par le Conseil régional. Réaliser des investissements coordonnés est un autre volet de cette coopération régionale et interrégionale qui se dessine.